:: Nate | Arrogance | Moongate :: [UC]

| I'm dead |

" Je vais mourir.

Le médecin ne me l’a pas dit aussi franco, mais je l’ai compris au regard qu’il m’a lancé derrière la baie vitrée de son luxueux bureau. Mes parents ont essayé de faire bonne figure, et m’ont dit simplement qu’il fallait essayer un nouveau traitement.
Tu parles ! Linda n’a jamais su mentir ! Je le voyais ! Sa voix était plus aigue que d’habitude et ses lèvres tremblaient. Quand à Papa, il avait l’air sombre et il s’est remis à fumer depuis qu’on est rentrés. Du coup, toute la maison empeste le tabac équitable.
Je suis conscient que ces quelques lignes ne vous éclairent pas vraiment sur qui je suis. Soit. Je vais me présenter dans les règles de l’art.

Mon nom complet est Nate Arrogance Moongate. Joli nom, hein ? Porte de lune. Ca ne veut pas dire grand-chose, mais j’ai toujours trouvé ça poétique. Pourtant, ma vie n’a rien d’un conte de fées. Du moins, ce n’est pas comme ça que je le ressens. Mes parents sont riches, ont une belle maison non loin de Tokyo, j’ai un garde du corps personnel et un beau chien, un Terre-Neuve, du nom de Paris, ville que j’aime particulièrement. J’y suis allé qu’une fois, mais ça a suffi pour me séduire. Bon,je ne vais pas étaler ma vie, sinon, je n’aurais plus rien à raconter après. Le but est de m’explorer en profondeur.

J’ai tout pour être heureux, n’est-ce pas ? Détrompez-vous. Je suis « malade ».Très malade. Pas un petit rhume, ni une simple fracture. Je suis en fauteuil roulant depuis l’âge de mes cinq ans. Poliomyélite foudroyante concentrée dans les jambes. Je vous explique : j’en suis réduit à demander de l’aide pour prendre ma douche et aller aux toilettes. J’ai appris à m’asseoir sur la pudeur, car en étant trop fier, je ne ferais qu’empirer les choses. Mes parents supportent mal la situation. Surtout ma mère. Je l’ai parfois surpris à pleurer dans le fond de son lit pendant des heures. Mes parents organisent leurs vies autour de moi, et je ne supporte plus cette condition. Parfois, j’aimerais mieux m’enterrer dans ma chambre que de devoir les affronter du soir au matin et du matin au soir, leur regard rempli de pitié glissant sur moi comme une traînée de goudron. Je déteste la pitié. Je déteste la compassion. Je déteste leurs sourires navrés, leurs regards pleins d’espoir quand ils m’offrent un nouveau cadeau. Pfff ! Je ne suis pas à acheter, je veux guérir !

J’ai compris que ça n’allait pas être pour tout de suite. Je n’ai peur que d’une chose dans ma maladie : qu’elle atteigne le cœur. Là, ce serait la mort assurée, en quelques mois. La polio paralyserait mon cœur jusqu’au dernier battement, et adieu Nate. J’ai si peu profité de la vie ! J’ai dix-sept ans, oui, dix-sept ans ! Et cela fait douze ans que je suis enfermé dans une camisole de force. Si je pouvais, j’exploserais, répandant mes tripes sur les murs tellement je hais. Je suis animé par la haine. C’est le seul sentiment qui m’habite depuis que je sais que ma petite amie ( la première et la dernière ) s’est moquée de moi et m’a trompé avec un gars de l’équipe de base-ball.Quelle salope. Je la déteste !

Bref. Oui, je suis quelqu’un qui aime dire Bref. Les gens qui font de loooooooongues phrases sans queue ni tête m’insupportent. Le médecin fait partie de ces gens-là, par exemple. Si chacun de ses mots étaient un médicament, il aurait sauvé pas mal d’humains, qu’on se le dise. "

Nate cessa d’écrire. Il avait mal aux mains, qui tremblaient et les releva difficilement vers son visage. Doucement, il frotta ses joues pour les réchauffer et mit son fauteuil en marche. Normalement, il poussait avec ses bras, mais il était trop fatigué aujourd’hui. Avant de quitter sa chambre, il regarda son image dans le grand miroir de l’armoire. Grand malgré la maladie, mince, un visage d’ange, entouré de cheveux blond cendré et surtout, deux jambes rabougries, serrées l’une contre l’autre, immobiles et atrophiées.Nate resta silencieux en voyant son image, et tout aussi silencieusement, saisit sa lampe de chevet qu’il balança contre la glace. Elle se brisa en mille morceaux produisant un fracas effroyable. Une cavalcade dans l’escalier. Une femme plutôt jeune, mais aux traits tirés, apparaît dans l’encadrement de la porte. Il s’agit de Linda, la belle-mère de Nate. Elle se précipite vers son beau-fils, lui caresse les cheveux, fond en larmes contre sa joue.
La mère de Nate est morte quand il était tout jeune. On peut dire que Linda est la véritable mère de Nate, puisque c’est elle qui l’a élevé, et l’a aimé, de tout son cœur, supportant la maladie, les crises de colère, la peur de la mort.

Nate reste impassible, mais il tremble. Il fixe le support vide du miroir, complètement pétrifié. Il refuse de pleurer, pourtant. Linda le lâche enfin et Nate quitte sa chambre, le fauteuil produisant un petit son aigu.

Nate débarqua dans la salle à manger. Son père lisait un journal, l’air calme et presque détendu. Le seul signe de nervosité, c’était la cigarette qui pendait au coin de sa bouche. Nate eut un signe de tête réprobateur et s’approcha de son père, qui leva la tête vers lui. Son regard accrocha le doigt de Nate appuyé sur le bouton de direction, et écrasa sa cigarette dans le cendrier. L’homme se passa la main dans les cheveux et sourit difficilement à son fils, qui resta neutre. Robert Moongate, 47 ans, avait tout de l’homme usé par la vie. Il avait perdu sa femme, son fils était très malade et sa nouvelle femme était au bord de la dépression nerveuse.


Papa - Tu es fatigué aujourd’hui, Naty ?
Nate – Oui.
Papa -Ah…Tu veux que je te pousse ?
Nate – Non merci, mais j’ai faim, par contre.
Papa – Clarice va préparer le repas. Pendant ce temps, tu vas aller prendre ton bain, d’accord ?
Nate – Je vais essayer d’y aller tout seul. Je t’appellerais si j’ai besoin d’aide, Papa.

Depuis quelques temps, Nate essayait de preuve d’autonomie. Prendre son bain seul nécessitait une grande concentration. Le jeune homme monta jusqu’à la salle de bain, et une fois qu’il eut fermé la porte, fit couler une eau chaude et parfumée dans la baignoire de porcelaine. Pendant ce temps, il entreprit de se déshabiller. Facile pour la chemise et le débardeur. Facile aussi pour les chaussures et les chaussettes. Aucune sensibilité. Par contre, enlever le pantalon fut compliqué. Ne pouvant se soulever, Nate dut être très patient. Une fois son jean par terre, il contempla ses jambes malades. Elles étaient normales, mais avaient quand même quelques choses de bizarres. De fines zébrures sur les cuisses indiquaient les traitements parfois loufoques. Nate les regarda encore quelques minutes d’un air torve et poussa un long soupir. Il entreprit de s’extirper de son fauteuil. Lentement, très lentement, il se hissa sur le rebord et se laissa tomber dans l’eau, en renversant partout. L’opération avait duré en tout près d’une demi-heure, voire trente-cinq minutes.

Mais Nate était fier de lui. Il avait réussi ! Le jeune homme se laissa recouvrir par l’eau avec bonheur. Enfin tranquille, enfin seul ! Le jeune homme se savonna, et voulut attraper le pommeau de douche. Les mains pleines de savon ripèrent contre le métal glissant, et nate, incapable de bouger, sentit sa tête cogner contre la porcelaine. Impuissant, étourdi, le jeune homme se laissa glisser dans l’eau, conscient qu’il allait se noyer. Bientôt, il vit trouble : il était complètement dans l’eau. Nate agita désespérément les bras en signe de détresse. Personne ne pouvait l’entendre.Enfin,ça, c’était ce qu’il croyait. Quelqu’un pouvait l’entendre. Quelqu’un avait entendu sa détresse muette. Quelqu’un qui l’observait, depuis quelques temps.

Je n’aurais jamais cru mourir d’une façon aussi con. Je pensais que je pourrais de la polio. Et ben nan. J’vais m’noyer dans mon bain, comme un pauvre con. C’est idiot. Vraiment idiot. Je n’ai pas envie de mourir, moi ! Je veux vivre !

Mais tu vas vivre…






[ Ui, c'est pas long, mais j'aime bien poster comme ça, p'tits bouts par p'tits bouts ^^" ]

waaah je suis impressionné j'aime beaucoup ton style d'écriture , beacoup l'idée aussi (Al dit le tout de suite que tu aimes tout XD)

enfin bon voilà j'ai hate de pouvoir lire ta fiche en entier (je suis sure que la suite sera aussi bien que le début)